Virtues of Rootedness
Les vertus de l’enracinement
Résumé
The process of social and family reproduction in the specific context of industrialisation is the subject of this unpublished HDR dissertation. The study is based on a new research area, Ivry-sur-Seine, and extends the study of family reproduction by analysing it in the context of urbanisation and industrialisation in the 19th century, when the economic foundations and social and cultural frameworks on which traditional family reproduction processes were based were called into question.
This study also examines the notion of the 'rootedness' of families and populations as one of the keys to understanding economic behaviour and the processes of social reproduction. This dissertation begins by discussing the - in some respects excessive - importance that the notion of 'mobility' has acquired in the work of historians of pre-industrial France. He notes that sedentary populations have in fact very rarely been studied for themselves from the point of view of social history (but only implicitly, mainly through historical demography).
It then proposes a methodology, based on the reconstitution of families in the commune of Ivry from 1690 to 1830 (almost 11,000 individuals) to measure and take into account the effects of a multi-generational inscription in a territory both in terms of fortunes and family behaviour, but also in social and political terms. Drawing on the approaches and questions of historians of family systems in traditional France, our aim is to understand how the systems of family reproduction described by modernist historians were put to the test in the 19th century, and thus to shed light, at least in part, on some of the mechanisms and logics of individual and family behaviour at the time of industrialisation, which seem to us to have been neglected by much of the historiography.
In terms of results, the survey shows in particular that this population, made up of individuals who can claim a genealogical anchorage that goes back at least to their grandparents' generation and, for many of them, in fact to the 17th century in a given commune, still possessed in 1860 - when the commune had become a large industrial town - a certain number of specific features and dynamics of its own that set it apart, not only from migrants, but also from natives who had no such anchorage in the territory. In this sense, the research opens up prospects for examining the notion of rootedness in contexts other than that of an industrial suburb (in more urban or more rural settings), but also for reexamining the classic categories of social history, such as socio-professional categorisations or people's place of birth.
Le processus de reproduction sociale et familiale dans le contexte particulier de l’industrialisation est l’objet du mémoire inédit d’HDR. L’enquête s’appuie sur un nouveau terrain de recherche Ivry-sur-Seine et prolonge la réflexion sur les modalités de la reproduction familiale en l’analysant dans le cadre de l’urbanisation et de l’industrialisation du 19e siècle, c’est-à-dire lors de la remise en cause des fondements économiques et des cadres sociaux et culturels sur lesquels reposaient les processus de reproduction familiale traditionnels.
Ce mémoire inédit interroge également la notion d’« enracinement » des familles et des populations comme une des clés de lecture des comportements économiques et de compréhension des processus de reproduction sociale. Ce mémoire discute tout d’abord la place à certains égards démesurée, qu’a acquis de la notion de « mobilités » dans les travaux des historiens de la France préindustrielle. Il constate que les populations sédentaires n’ont en fait que très rarement été étudiées pour elles-mêmes du point de vue de l’histoire sociale (mais seulement de manière implicite, par un effet de sources principalement, par la démographie historique).
Il propose ensuite une méthodologie, qui s’appuie sur la reconstitution des familles dans la commune d’Ivry de 1690 à 1830 (près de 11 000 individus) pour mesurer et en prendre en compte les effets d’une inscription plurigénérationnelle dans un territoire à la fois en termes de fortunes, de comportements familiaux mais aussi en termes sociaux et politiques. En prenant appui sur les démarches et les questionnements des historiens des systèmes familiaux de la France traditionnelle, nous cherchons à comprendre la mise à l’épreuve au 19e siècle des systèmes de reproduction familiale tels qu’ils ont été décrits par les historiens modernistes et, ainsi, à mettre en lumière, au moins en partie, certains ressorts et certaines logiques des comportements individuels et familiaux au temps de l’industrialisation, qui nous paraissent négligés par une grande partie de l’historiographie.
Sur le plan des résultats, l’enquête montre notamment que cette population formée par les individus qui peuvent revendiquer un ancrage généalogique qui remonte à la génération de leurs grands-parents au moins et, pour beaucoup d’entre eux, en réalité, au 17e siècle dans un territoire communal donné, possède encore en 1860 – alors que la commune est devenue une grande ville industrielle – un certain nombre de spécificités et de dynamiques propres qui la distingue, non seulement des migrants, mais aussi des natifs qui ne disposent pas d’un tel ancrage dans le territoire. En ce sens la recherche ouvre des perspectives pour interroger la notion d’enracinement dans d’autres contextes que celui d’une banlieue industrielle (dans des cadres plus urbains ou plus ruraux) mais aussi pour réinterroger les catégories classiques de l’histoire sociale, telles que les catégorisations socioprofessionnelles ou le lieu de naissance des individus.
Domaines
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