Les « Réserves de développement durable » d’Amazonie brésilienne : la préservation de l’environnement et son acceptation par les « populations traditionnelles »
Résumé
Les décennies 1990 et 2000 ont vu en Amazonie brésilienne la création de très nombreuses aires protégées, de statuts divers, suivant l’élan donné par la conférence de Rio en 1992. Dans cet ensemble, une place importante a été faite aux aires protégées habitées, montrant l’importance du mouvement socio-environnementaliste au Brésil. Selon cette optique, les « peuples de la forêt » ou les « populations traditionnelles » sont les gérantes de leurs espaces et la pérennité de leurs implantations montre le caractère écologique de leurs pratiques. De ce point de vue, deux statuts attirent particulièrement l’attention : les « réserves extractivistes » (RESEX ) et les « réserves de développement durable » (RDS ). Les premières sont liées à la lutte des seringueiros (collecteurs de latex) de l’Acre et représentent une réponse du gouvernement à leurs revendications foncières. Les secondes, venues plus tard, sont destinées à d’autres types de population, qui acceptent un certain nombre de restrictions d’usages en échange d’un statut foncier plus protecteur. Leurs objectifs sont particulièrement ambitieux, puisqu’il s’agit de combiner le développement économique local et la protection de l’environnement, dans des contextes, en Amazonie, d’indicateurs sociaux particulièrement faibles. Mais ces statuts sont-ils vraiment une panacée, permettant de parvenir à la fois à la préservation de l’environnement et à l’amélioration des conditions de vie, ou bien sont-ils ne symbole des malentendus sur lesquels repose l’alliance (illusoire ?) entre les populations concernées et le mouvement environnementaliste ?Afin de donner des éléments de réponse à cette question, ce travail propose une analyse des RDS en se basant sur deux terrains, la RDS Mamirauá, première du genre au Brésil, et la RDS Iratapuru, en Amapá, toutes deux étudiées dans le cadre du projet DURAMAZ . A partir de ces deux exemples, nous tenterons de mieux comprendre le surgissement de cette catégorie d’aires protégées, leur positionnement (y compris en termes de résultats) par rapport à d’autres catégories d’aires protégées et les perspectives économiques associées aux produits potentiellement exploitables. Nous analyserons enfin l’acceptation par les populations locales de ces aires protégées, qui est probablement l’un des facteurs déterminant du succès ou de l’échec des RDS.