Problèmes et paradoxes dans l’apprentissage des normes de politesse au quotidien. Le cas des transports en commun
Résumé
Dans le métro, comme dans d’autres types de transport en commun, certaines catégories de passagers ont le droit de s'asseoir en priorité. De manière générale, on cède la place aux personnes âgées, handicapées, aux femmes enceintes et aux jeunes enfants. Comme tout comportement social, céder la place dans le transport fait l'objet d’un apprentissage. Et comme c'est souvent le cas des règles de conduite, cet apprentissage se fait en situation, sans simulation préalable. Pour un enfant, prendre les transports en commun devient d'emblée une occasion d'apprendre à s'y conduire et/ou de montrer le résultat de son éducation.
Or, cette situation est toujours compliquée. D'abord, parce que, malgré les apparences, savoir céder la place dans le métro constitue un savoir-faire assez complexe : céder la place suppose non seulement savoir se tenir debout, savoir trouver un endroit confortable pour se tenir, etc., mais aussi met en scène les rapports de genre (hommes, femmes) ou d'âge (jeunes, âgés). Mais surtout, pousser un enfant à céder sa place est rarement tout à fait justifié, car les enfants eux-mêmes sont destinataires des places assises. Ceci peut générer des conflits entre les voyageurs, issu de la confrontation entre deux lectures de la situation, également possibles, mais contradictoires. Soit on définit le voyage en question comme une situation d'apprentissage selon laquelle l'enfant doit céder la place pour apprendre à le faire, soit on ne le fait pas et, dans ce cas, l'enfant, en tant qu'être fragile, a le droit de rester assis.
La communication se propose ainsi d'analyser l'intersection entre apprentissages et pratiques sociales à partir de l'exemple des gestes de politesse dans le métro à Saint-Pétersbourg. Cette recherche a pris la forme d'une enquête ethnographique comprenant des observations et des entretiens semi-directifs. S’appuyant sur ce matériel empirique, la communication abordera les questions d'apprentissage des pratiques sociales à travers des gestes pratiques et concrets ainsi que les tensions propres à cet apprentissage à travers les notions de « technique du corps », de « cadres de l'expérience » ou encore de « définition de la situation ». L'approche théorique est celle de la sociologie pragmatique ; elle s'intéresse au sens que les acteurs donnent à leurs actions et notamment aux interprétations plurielles qu’ils peuvent donner d’une même situation.
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